Chansons - Citations.
Extraits de romans, mémoires...
Petite bibliographie.
Pièces de théâtres à thèmes compagnonniques.
« Notre mère, pays et coteries, trouvez-vous le compagnon l'Ami du Devoir capable de vous chanter une chanson
Capable !
Et vous, l'Ami du Devoir, vous en sentez-vous capable ?
Oui mon pays ! Et si je ne le suis pas, les compagnons me reprendront ! »
CHANSONS DE COMPAGNONS - EXTRAITS
« La Canne du compagnon on n'en a fait 36 chansons et mille et une batailles. Pas de compagnon sans Canne. Mais ce symbole des symboles il faut y avoir droit ! La grande Canne est réservée aux compagnons « finis ». Ensuite il ira choisir et acheter sa Canne de compagnon ; elle ne le quittera plus ». A. Boyer
LA CANNE
« Puisqu'on voit, partout ici-bas
Chacun chanter l'objet qu'il aime.
Chers amis, je n'hésite pas,
Je chante du Devoir : l'emblème !
Le Héros chante son exploit,
Le fumeur son jaune havane,
Le buveur le bon vin qu'il boit,
Moi je vais vous chanter la Canne !
La Canne, gage précieux
De la valeur et de la gloire
La Canne fait mille envieux
Sur la route de la victoire !
L'esponton vil tremble et pâlit
À son aspect, lui le profane,
Aspirants, mon coeur a tressailli
En voyant la première Canne !
Respectable par sa longueur,
Plus brillante qu'une auréole
C'est le symbole de l'honneur,
C'est notre Dieu, c'est notre idole,
Avec elle, on ne craint plus rien,
Avec elle on se pavane,
Du Dévoirant c'est le soutien,
Pour voyager, vive la Canne ! »
Quand au retour de la saison
Alors qu'un de nos frères nous quitte
Et que Phoebus d'un beau rayon
Illumine un champ de conduite
On voit en tête le rouleur;
Près de lui la rose se fane;
L'arc-en-ciel et ses vives couleurs
Brille moins que sa noble Canne !
… Quel est l'auteur de la chanson ?
Faible écho de la Corderie.
L'Ami des Filles est son nom,
Le Languedoc est sa patrie.
Si quelque ennemi de son rang
Venait pour lui chercher chicane,
On lui prendrait plutôt son sang
Que de lui dérober sa Canne ! » P. Callas compagnon cordier du Devoir
LA CHEVAUCHÉE DE LA MORT (BATAILLE de La CRAU).
« … 10 000 voix soudain comme un cri de tonnerre
Lancèrent aux échos le même cri de guerre :
« À mort les dévorants, sans quartier aux gavots
Et dans un même élan, Papistes et Huguenots
Se ruèrent haineux les uns contre les autres
Ces héros qui jadis des arts étaient apôtres
Pour des cultes douteux faisaient de leur compas
Les instruments de mort de ces nouveaux combats
... et là-bas sous le ciel de La Crau solitaire
Des hommes descendus d'Arles et de Beaucaire
S'égorgeaient froidement pour quelque déité
C'étaient les compagnons Devoir et Liberté
Et la mort étendant sur eux sa faux cruelle
Couchait comme l'épi, ceux qu'effleurait son aile
Cris de morts, bruits de fer, plaintes et gémissements
Se perdaient dans la nuit parmi les râlements....
Les maillets s'abattaient aplatissant les crânes
La pointe des compas s'enfonçait dans les chairs
Tandis que les jurons se croisaient dans les airs
L'équerre du carrier cassait bras, cous, épaules
Les joncs sanglants traçaient leurs rouges paraboles
L'arbalète envoyait son carreau de 100 pas
L'arquebuse en sonnant annonçait un trépas.
Là c'est un coup hardi de sa bisaïgue
Le charpentier adroit brise une pointe aigue
Riposte et d'un grand coup le terrible ciseau
Eventre l'ennemi de son tranchant biseau
L'odeur du sang ne fait qu'aiguillonner leur rage
Mais ô grands Dieux quand donc finira le carnage ! ... » A. Boyer Périgord Coeur Loyal.
CONSEILS D'UN VIEUX COMPAGNON À SON FILS PRÊT À PARTIR POUR LE TOUR DE FRANCE
« Moi dit l’un, j’ai d’un coup de mon fameux Bâton
Etendu raide mort, "Bien-Aimé le Breton"
En le voyant tomber, son proche camarade
Ignorant si du flanc je connais la parade
Me porte un coup de bout qui m’effleure la peau
J’y riposte, et le mien lui brisa son chapeau
Furieux de n’avoir pu lui fendre le crâne… je saisis une pierre…
Ce coup me réussit, je le frappe à la tempe
En le voyant tomber, aussitôt je décampe.
Et moi, dit un second, je ne te cède pas
J’aurai peut-être fait plus, armé de mon compas.
À Saintonge le Gros, dans ma fureur soudaine
De 10 coups assurés j’ai percé la bedaine.
Et "Tourangeau la Mouche", avec tout son orgueil
Se voit pourtant réduit à n’y voir que d’un œil.
… Les compagnons prudents n’ont rien à raconter
Que les progrès du mal qu’ils voudraient arrêter. » - M. Capus dit Albigeois l’Ami des Arts - 1840
LES COMPAGNONS
« Autrefois ils allaient sur les routes poudreuses,
La Canne haute et les rubans flottants.
De ville en ville ils allaient en chantant
Des refrains du pays de leur enfance heureuse...
Solides au combat, ils l'étaient à l'ouvrage,
Ne rechignant jamais aux pénibles travaux.
Sublimes chefs d'oeuvre, vous portez témoignage
De leur ténacité, de leur amour du beau.
Et le soir, chez la Mère on contait ses exploits,
En rajoutant toujours; le plus petit combat
Prenait allure de bataille… » B.A.
COMPAGNON
« Demain je prendrai le sentier
Qui s'évade de mon village
Pour trouver au bout du voyage
Les Chefs-d'oeuvre de mon métier.
En chemin plus d'un vieux routier
M'enseignera l'apprentissage
Des vertus du compagnonnage
Pour en être un jour l'héritier.
Lorsque je serai charpentier
Notre Mère j'en tiens le gage
J'emporterai pour seul bagage
La sueur perdue sur les chantiers.
Au lieu de devenir rentier
Quand viendra l'heure du vieil âge
Je croiserai sur mon passage
La mort au coeur banqueroutier.
Adieu Compagnon Charpentiers
Gardez-vous de toute oubliance
Car Parisien dit la Confiance
Chanta l'amour de son métier.
Compagnon
Va-t'en voit tout
Autour du monde
Compagnon
Va-t'en voir si la terre
Est ronde
Compagnon
Va défricher la mappemonde.» René-Louis Lafforgue
LE DÉPART DES COMPAGNONS
« Allons, préparons-nous mes frères.
Cannes en main, gourdes au côté
Rouleurs, déployez vos bannières,
Insignes de fraternité.
Au loin le travail nous appelle,
À nous de construire et bâtir !
Allons ! Allons ! Troupe fidèle,
En marche, en marche, il faut partir.
Que nos Cannes, battent la mesure,
Que nos couleurs flottent au vent,
Amis des arts, de la nature,
En avant, frères en avant.
... Devant nous serpente la route
Nous avançons d'un pas hardi.
Du ciel nous contemplons la voûte
Et nous marchons vers l'infini.
... Venus du Nord ou du Liban,
Nous sommes le Compagnonnage,
L'Asile du peuple artisan. » A.Perdiguier
« Compagnon !
N'as-tu jamais remarqué
Sur les pierres du passé
Le sigle des Tâcherons
Qui taillèrent l'Astragale
L'Âme des vieux Compagnons
Au porche des Cathédrales. »
LES DEUX COMPAGNONS DU DEVOIR
« Deux jeunes Compagnons du Devoir
Cheminaient sur le Tour de France
Ayant leurs bras pour tout avoir
Leur travail pour toute espérance.
De leurs Cannes à long pommeau
Ils étayaient leurs pas rapides
Et laissaient dans chaque hameau
Rires francs et bouteilles vides.
Où marches-tu gai Compagnons
Je m'en vais conquérir la Terre…
Si la République périt
Nous serons à ses funérailles
Car son droit divin est écrit
Au plus profond de nos entrailles.
Quelques-uns voudraient nous lier
Comme des boeufs à l'attelage;
Mais nos cous ne savent plier
Et nos âmes pas davantage. » Pierre Dupont
LE ROI ET LE COMPAGNON - 18e.
Le Roi :
« Ah ! Dis-moi donc, toi qui portes la Canne
Depuis longtemps j'entends vanter ton nom
Et ces couleurs au sein que tu pavanes
Je veux connaître enfin les Compagnons.
Révèle-moi ton secret, ta puissance,
En un seul mot, je prétends tout savoir !
Le Compagnon :
Vous resterez toujours dans l'ignorance
Car nous gardons le secret du Devoir.
Jadis des Rois, tyrans de toutes marques,
Bien trop souvent nous ont persécutés,
Nous briserons vos sceptres, ô monarques
Et connaîtrons enfin la liberté !
Sous les verrous ont gémi nos ancêtres,
Mais nul d'entre eux n'a trahi le Devoir,
Tous vos pareils sont morts sans le connaître
Et vous mourrez aussi sans le savoir.
Sans être un Roi, moi j'ai fait mes compagnes,
Et comme vous j'ai un titre et un nom.
Je suis vannier, natif de la Champagne
Et dans Lyon, je fus fait Compagnon.
Ce que je puis vous dire sans offense,
Heureux et Fier de le faire savoir,
C'est qu'en faisant mon joli Tour de France
L'on m'a nommé La-Fierté-du-Devoir. »
L'ORDRE DU COMPAGNONNAGE
« Parmi nous, pas d’adulateurs
Pas de mépris, pas de vengeance,
Pas de fourbes, pas de menteurs
Pas le désir de l'opulence
Pas de fanfarons sans talents
Pas de mollesse à son ouvrage,
Pas trahir amis ni serments,
C'est l'ordre du Compagnonnage
Parmi nous pas de vanité,
Pas de vouloir, pas d'arrogance
Surtout pas d'infidélité
Envers les lois du tour de France… » E. Collomp
LA FRATERNELLE
« Entendez-vous cette voix qui nous crie :
Unissez-vous, peuples de travailleurs !
Des préjugés le bon sens se récrie.
Vers le progrès, cherchons des jours meilleurs.
Le temps n'est plus des batailles sanglantes
Où notre sang rougissait le chemin,
Que désormais, des paroles aimantes
Viennent s'unir aux serrements de mains.
Fraternité ! Fraternité !
Nous avons vu maintes conduites
Dont le seul but était provocateur
Et sur les champs, sans en prévoir les suites,
L'on s'aiguisait par des chansons d'horreur.
On se tapait toujours avec colère
La Canne au poing quelquefois un compas,
Chacun de nous doit savoir vivre en frère
Et propager l'union des états.
Luttons, luttons, mais contre l'ignorance
Fléau qui fait pleurer l'humanité.
À tout jamais sur le beau Tour de France,
Pour les Devoirs prêchons l'égalité.
Et quand la mort fermera nos paupières
Que nos petits-enfants trouvent dans la douleur
De vrais amis, de véritables frères,
Tels sont les voeux d'Escolle-Joli-Coeur. » Escolle - Joli-Coeur-De-Salernes
« Buvons à nos auteurs,
Buvons à nos chanteurs
Souvent sur la souffrance
Ils versent l'espérance... » Lyon la Lyre
LA PETITE VARLOPE - anonyme 1720
« Petit outil, joli tranchant
Orné d'une très belle tête.
Sois-tu préservé de tempête
Petit outil, outil de Roy,
L'ouvrage se fond devant toi.
… Mon maître servez-vous de moi
Vous serez plus heureux qu'un roi
Vous savez que je suis l'unique
Des outils de votre boutique.
Les établis et les valets
Les règles, trusquins et maillets
Reconnaissent mon Eminence,
Me portent honneur et révérence. »
ADIEU À MES OUTILS, ma muse.
« Allez vous reposer dans le fond de ma cave
Compagnes de mes jours de travail, comme épave
D'un bâtiment brisé par la fureur des flots
S'échouant sous les yeux des vaillants matelots.
Là du moins vous aurez en pleine solitude
Un repos mérité d'un labeur long et rude.
Marteaux, pioches, ciseaux, vous êtes émoussés,
Ah ! Pour vous diriger mes bras en sont lassés
Vous n'avez plus d'acier, le fer seul reste au manche
Et moi, les reins courbés vers le tombeau, je penche.
Adieu mes chers outils, la rouille vous attend
La terre vous créa, la terre vous reprend
Il faut abandonner du soleil la lumière
Et rentrer chez les morts, redevenir poussière. » Escolle
« D'équerre et de niveau, tu t'en vas sur la Loire,
Des Compagnons de Tours tu t'en vas voir la gloire ;
Mais en venant d'Angers, Cabernet, Savenières,
Tu bois avec délices au bord de la rivière... »
LE COMPAS
«… En parcourant les 4 coins du monde
Si vous perdez l'étoile d'Orient,
Du Compagnon la course vagabonde
Semble braver tout inconvénient.
Malgré les vents et la foudre et l'orage
Quoique égarés, ne vous alarmez pas
Vous trouverez votre Compagnonnage
Au milieu du compas.... » Morin, l'Île de France la Belle Conduite
« Le soir venu je subis les épreuves,
Compas en main j'ai montré mes talents.
De mon savoir ayant donné des preuves
Ayant promis de tenir mes serments
Je suis admis dans la grande famille.
Et en souvenir de ma réception
On me nomma le Soutien des Bons Drilles
Est-il un plus beau nom de compagnon ? » Brossier Nantais le S...
LE BLASON
« Ordre de la chevalerie
Vous qui portiez la lance et la croix
De vos exploits la terre était remplie
Les plus grands noms s'inclinaient sous vos lois,
La faux du Temps
A fauché, la cruelle
Ces preux guerriers,
Ces nobles champions
Maltes, Templiers, sont tombés sous son aile
Tous, excepté
L'ordre des Compagnons. » Callas
« Nous n'apprenons que le Trait chez les compagnons et rien que le Trait ! Ce Trait géométrique des constructeurs, et l'Orient, qui est le respect du prochain. »
L'ABEILLE
« Sur les champs il est des frelons
Qui voudraient détruire nos ruches;
Comme l'abeille, Compagnons,
Méfions-nous de leurs embûches.
Armons-nous de notre aiguillon
Contre ces frelons pleins de rage;
Vendôme, par cette chanson,
La Clef-des-Coeurs nous y engage. » Piron C.
LE GRAND MANITOU
« Quand je passerai l'arme à gauche
S'il faut me faire pendre ailleurs
Pour le pire et pour le meilleur
Je ne raterai pas le coche.
Par la route la plus directe
Si Dieu n'est pas un chicanier,
J'irai jusqu'au Grand Architecte
Le jour du jugement dernier... » René-Louis Lafforgue
« Tous les ans le printemps fait naître
Les fleurs dont les champs sont couverts
Et moi je vois de ma fenêtre
Passer les étés les hivers.
En l'air voltige l'alouette
Répercutant son chant joyeux
Et moi du fond de ma retraite
Chers compagnons, je vous fais mes adieux. » Escolle
« Que l'on m'apporte à l'instant mes couleurs.
Je veux les voir avant de rendre l'âme.
Chers Compagnons placez les sur mon coeur.
Afin qu'elles me servent d'oriflamme.
Jusqu'au tombeau je prétends les avoir
Pour vous prouvez mon amour ma constance
Et quand mon coeur n'aura plus de pouvoir
Tache mon fils d'être par ton savoir
Compagnon sur le Tour de France.
... Et toi ma Canne appui de mes vieux ans
Depuis longtemps tu suis partout mes traces
Te souviens-tu qu'une fois sur les champs
Tu dispersas une troupe de lâches
En ce temps là mon bras était nerveux
Je te portais avec toute mon assurance
Mais maintenant je ne suis plus qu'un vieux
Reçois ma Canne les derniers adieux
D'un compagnon du Tour de France ». E Collomp
SOUVENIRS D'AUTREFOIS ( Le départ de Vendôme. )
« Je me souviens de mon jeune âge,
Mon père souvent me vantait
Les douceurs du Compagnonnage
Et des plaisirs qu'on y goûtait...
De sa jeunesse
Avec ivresse
Il racontait les heureux passe-temps.
Son âme émue
Quoique abattue
Semblait se croire encore sur les champs.
... S'il est un sol où l'espérance
Promette le parfait bonheur
Ah ! disait-il sur mon honneur
C'est sur le tour de France. »
CHANSONS DE COMPAGNONS
Les couleurs - Malicorne
Compagnons qui roulez en Provence - Malicorne
C'est un Picard, c'est un Normand - J. Bardot
Les trois maçons jolis - Gabriel Yacoub
Le tailleur de pierre -Marc Robine
La conduite - Malicorne
Les trimardeurs - Le Corou de Berra
CITATIONS
« Tout édifice est une pensée »
« La nature est un Temple ou de vivants piliers, font entendre parfois de confuses paroles; l'Homme y passe à travers des forêts de symboles, qui l'observent avec des regards familiers ? » Victor Hugo
« Nul n'a jamais cueilli « la Rose de la Connaissance » sans se blesser d'abord à ses épines. »
« La Connaissance théorique est un trésor dont la pratique est la clé. » Fuller
« Je ne connais que deux belles choses dans l'univers : le ciel étoilé sur nos têtes et le sentiment du devoir dans nos cœurs » Kant
« Il dépend de celui qui passe, que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise. Ceci ne tient qu'à toi. »
« La main, égale et rivale de la pensée, l'une ne peut rien sans l'autre... » P. Valéry
« Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé. » Renan
« Le Compagnonnage est une mystique appliquée au Métier. »
« On n'enseigne pas ce que l'on veut : je dirai même que l'on enseigne pas ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. » J. Jaurès
MÉMOIRES de COMPAGNONS, ROMANS - EXTRAITS...
1764 : Jacques-Louis Ménétra - Le journal de ma vie.
« Tous les compagnons, avaient une passion démesurée pour apprendre l’espadon et savoir bien manier la Canne ; À Tours, j’avais reçu quelques leçons et nous faisions chez la Mère assaut et le leur démontrais, cela faisait boire ce qui ne déplaisait nullement à la mère. »
« Il me propose des coups de Bâtons. Je lui dis que lorsque j’en reçois j’en rends… Nous voilà au bord de la rivière au Jardin de l’Infante. Je me défends car il est plus nerveux que moi. Tous à coup, il me porte un coup de pointe dans l’estomac… Au même instant, je lui donne avec agilité, un coup sur le bras et je lui démets le poignet ; je jette mon Bâton et je m’en fus lorsque la garde venait pour nous arrêter… »
1820 : Fourquemin François-Joseph - « Souvenirs d’un menuisiers Nivernais au 19e siècle. »
« J’oubliais de dire que pendant le temps que j’étais à Tarare, les compagnons et les aspirants allaient tous les dimanches matin sur un plateau en haut d’un petit monticule, prendre des leçons de Bâton, de Canne, de savate et de chausson… Comme je ne donnais nullement dans ces sciences-là, je n’étais pas bien vu des autres… »
1853 : C. G. Simon - Étude historique et morale sur le Compagnonnage.
« 1778. Les querelles entre compagnons provoquèrent à Paris, un arrêt du parlement fait défense aux artisans compagnons de s’associer, de s’attrouper ainsi que de porter Cannes, Bâtons et autres armes. »
1858 : Le secret des compagnons cordonniers dévoilé.
« … Ils en viennent aux mains ; armés chacun d’une longue et solide Canne, ils font quelques évolutions, quelques rapides Moulinets, puis se portent de rudes coups ; le sang jaillit des 2 côtés et le combat ne se modère point… Le maréchal, exténué, meurtri, saignant, chancelle, tombe et s’allonge sur la poussière épaisse du chemin. Le cordonnier impitoyable ne retient point sa fureur, il frappe encore, il déchire son adversaire renversé… Il le déchire ! »
1897 : Eugène le Roy – Jacquou le croquant.
« ... Nous avons rencontré deux jeunes garçons qui cheminaient et chantaient à pleins gosiers. Ils étaient habillés de velours noir, ceinturés de rouge, avec des sacs de soldats sur le dos. Des casquettes de velours noir aussi les coiffaient sur le côté crânement : à leurs oreilles pendaient des anneaux d'or, et ils tenaient à la main des grandes Cannes enrubannées qu'ils maniaient dextrement, faisant avec, des Moulinets superbes. Ils nous saluèrent jovialement en passant... c'étaient des Compagnons du Tour de France. »
Honoré Daumier
« La chevalerie errante s’est transformée ; sa lance s’est changée en Bâton ; la lice est devenue la grande route, et le preux se nomme aujourd’hui « compagnon du Devoir, ou compagnon roulant ou compagnon gavot »... Il faut espérer qu’un jour les compagnons de France, auront une franche formule de fraternité qui les rapprochera tous. » Honoré Daumier
ANECDOTE :
1962 : Jean Guéhenno de l'Académie Française rend un hommage ému à son père, le jour de sa réception sous la Coupole :
« Par fidélité à tous mes souvenirs, j'ai décidé quand je suis entré à l'Académie Française, que mon épée d'académicien ressemblerait à une Canne de Compagnon. Sa coquille est faites d'une fougère où s'enlacent les Rubans du Compagnonnage et la poignée est ornée d'un écusson sur lequel j'ai fait graver, non pas mon nom, mais celui de mon père, Jean-Marie Guéhenno, Pontivy-la-Justice. j'ai voulu que ce fût lui, ce compagnon qui entre à l'Académie. »
PETITE BIBLIOGRAPHIE
Ménétra Jacques-Louis : « Le Journal de ma vie » 1764
Capus P. : « Mouton Coeur de Lion ou l'honnête criminel, premier martyr du Devoir des Compagnons cordonniers et bottiers, poème en 6 chants ». 1838
« Conseil d'un vieux Compagnon à son fils prêt à partir pour faire son Tour de France, poème en 5 chants ». 1844
Perdiguier Agricol : « Le Livre du Compagnonnage » 1839 - « Mémoires d'un Compagnon ». 1854
Vendôme - dessin de Perdiguier
Piron J. F., Vendôme la Clef des Cœurs. « Le Chansonnier du Tour de France ». 1840
Georges Sand : « Le Compagnon du Tour de France » 1841 - « Les Maîtres Sonneurs » 1853
Collomp Emmanuel : « Nouveau chansonnier du Tour de France ». 1846
Lyon L. J. : « La Lyre du Devoir » (chansonnier). 1846
Simon C. G. : « Etude historique et morale sur le Compagnonnage et quelques autres associations d'ouvriers depuis leur origine jusqu'à nos jours ». 1853
Arnaud J..B..E.: « Mémoires d'un Compagnon du Tour de France ». 1859
Guillaumou Toussaint : « Les Confidences d'un Compagnon ». 1864
Mistral Frédéric : « Calendal » – Le Poème du Rhône. 1867.
Calas P. : « Mes souvenirs du Tour de France ». 1879
Martin Saint-Léon Etienne : « Le compagnonnage, son histoire, ses coutumes, ses règlements, ses rites ». 1901
Boyer Abel : « Le beau Tour de France d'un compagnon du devoir. » 1957
Vergez Raoul : « La Pendule à Salomon ». 1958 « Les Tours inachevés » 1959. « Les Illuminés de l'Art Royal ». 1976
Coornaert Emile : « Les Compagnonnages en France du Moyen-Âge à nos jours ». 1966
Lecotté R. et Desvallées A. : « Métiers de tradition ». 1966
Garry Roger : « Les Compagnons en France et en Europe » - 4 volumes. 1973
PIÈCES DE THÉÂTRE – THÈMES COMPAGNONNIQUES
1827 : Théâtre des Variétés : « Les Compagnons du Devoir ou le Tour de France » - Vaudeville
1843 : Folies Dramatiques : « Les Dévorants » - Vaudeville
1846 : Théâtre de la Gaîté : « Les Compagnons ou la Mansarde de la Cité » - Drame mêlé de chants.
1847 : Théâtre Beaumarchais : « Les Charpentiers » - Drame en 4 actes.
1857 : Théâtre Beaumarchais : « L'Enfant du Tour de France » - Drame.
1880 : Folies Dramatiques : « La Mère des Compagnons » – Opéra comique.
1909 : Théâtre Antoine : « Papillon dit Lyonnais Le Juste. »
Théâtre des Variétés en 1815.
PORTRAIT : AGRICOL PERDIGUIER
« Adieu beau Tour de France de mes 20 ans, tu as été le parfum de ma vie... avec lui j'ai suivi le chemin de l'honneur et je désire partir dans l'autre monde sans y avoir failli. »
Agricol Perdiguier dit Avignonnais-la-Vertu (1805-1875), commence son 1er tour de France en 1820. Compagnon menuisier du Devoir de Liberté, il essaie d'apaiser les « tensions » entre les sociétés de compagnons… Il écrit des ouvrages importants sur le compagnonnage, des chansons, entretient des correspondances avec Chateaubriand, Lamartine, Béranger, E. Sue et fréquente en compagnie de Sand, le salon de Marie d'Agoult.
Le livre du Compagnonnage qu’il publie en 1839, lui apporte quelques solides inimitiés… mais aussi la reconnaissance des milieux littéraires républicains, et la célébrité. En 1848, il est élu député à Paris. Le 2 décembre 1851, après le coup d’état du futur Napoléon 3, il est arrêté avec de nombreuses personnalités… Edgar Quinet, Victor Hugo, Louis Blanc, Lamennais...
Il disparaît en 1875, pauvre et abandonné…
« Peu sensible à la poésie des combats, doué d’un zèle apostolique, persévérant, actif, infatigable, dominé et comme assailli à toute heure par le sentiment de fraternité humaine, Agricol Perdiguier de faire comprendre à ses frères l’idéal éclos dans son cœur. » G.Sand
Ouvrages principaux :
1839 : « Le Livre du Compagnonnage. »
1854 : « Mémoires d'un Compagnon. »
Extraits :
« Les compagnons du Devoir de Liberté m'ont pris par la main au sortir de l'enfance, m'ont dirigé, soutenu, et me ramènent grandi et fortifié à mon point de départ. Dans mon pays, mes dessins, mes modèles, mes couleurs, mon écharpe (de premier compagnon), ma Canne, mon Certificat d'honneur dans son magnifique cadre me parlent sans cesse du Tour de France… »
« Admirant l'opulence
De nos belles cités
Je visite la France
Reine des Libertés
Prêchant la tolérance
Et la Fraternité
L'amour et la science
Soeurs de l'Egalité »
« Quel étonnement monsieur Arago de vous entendre ainsi parler, que dites vous là ? Cinq ou six siècles avant Monge, pourtant les grandes cathédrales étaient debout avec leurs hautes nefs, leurs flèches élancées, leurs chaires à prêcher ! Et tout cela aurait été fait de routine ? »
« En ce moment, la presse quotidienne semble dédaigner les productions littéraires des artisans ; elle prévoit les effets de cette intelligence qui pénètre toujours plus profondément les masses ; elle craint une émancipation trop complète, trop vaste...
C'est à vous Madame à détruire leur tactique, à encourager les artisans poètes et prosateurs, ainsi qu’à leur donner confiance, dussent comme vous l'avez dit vous-même, quelques suicides de plus avoir lieu chaque année... » 1842 – Lettre à G. Sand
« Mon frère, mon fils et Mr Chopin vous disent mille choses affectueuses. » G. Sand
« Je vous envoie ce que j'ai de plus fraternel dans le cœur. » V. Hugo
À Perdiguier
« Perdiguier, lève toi, reviens parmi tes frères,
Viens errer dans nos coeurs où tu semas l'amour.
Viens, ô bon Laboureur, étendre sur nos aires
La pénible moisson que tu semas un jour.
Nos cannes ne sont plus teintées du sang des nôtres,
Les embouts argentés répudient les combats.
Si tu fus le messie, nous sommes les apôtres,
Compagnons d'aujourd'hui, ne nous divisons pas !
… Perdiguier, dors en paix, nous gardons ta mémoire,
Et nos petits-enfants reviendront après nous
Parfois, renouveler cette palme de la gloire
Que t'offrent les gavots, Dévoirants, Chiens et Loups. » A. Boyer
Compagnon menuisier du Devoir de Liberté, en deuil
TV – CINÉMA – CHANSONS
1974 - ARDÉCHOIS CŒUR FIDÈLE
Synopsis : « Toussaint Rouveyre, ancien capitaine des armées napoléoniennes, regagne son village de l'Ardèche, après un séjour au Canada. Il envisage de partir pour l’Amérique et demande sa part d’héritage à son père ; afin de la toucher, il est obligé d’obtenir l’accord de son jeune frère Antoine, parti faire son Tour de France, comme compagnon menuisier du Devoir. Il apprend que celui-ci a trouvé la mort dans la rixe de Tournus opposant les deux clans rivaux des Compagnons : les "gavots" et les "devoirants". Toussaint n'a plus qu'une pensée : venger la mort de son frère. Afin y parvenir, il s'engage chez les Compagnons du Devoir de Liberté, le clan ennemi... »
Fiche technique :
Réalisation : Jean-Pierre Gallo
Scénario original, adaptation et dialogues : Jean Cosmos et Jean Châtenet
Musique : Gérard Gallo
Directeur photo : Jacques Renoir
Montage : Danielle Anezin
Costumes : Sylvie de Segonzac
Décors : Serge Douy
Cascades : Claude Carliez
Le feuilleton doit une grande partie de sa réussite, à l’interprétation de ses 2 comédiens principaux : Sylvain Joubert et Claude Brosset.
« … Sylvain Joubert fait mieux que de jouer son rôle, il l’impose. Le film ne pouvait vivre sans un tel comédien qui ajoute à la force de sa nature personnelle toutes les ressources d’un métier sans erreur… » G. Walter - Le Figaro
Claude Brosset, effectue une magnifique composition dans le rôle de Tourangeau, une force de la nature, une grosse brute, un rustre illettré, mais un homme de cœur auquel on s’attache peu à peu.
Les 2 comédiens furent entourés de Michel Robin, Henri Marteau, Jean Champion, Jacques Rispal et Pierre Guéant qui campe le fidèle Pontoise « … Il est mort récemment ; il a demandé que l’on mette sur sa tombe, une photo du feuilleton où on le voit habillé en costume de compagnon. Ce geste m’a beaucoup touché »… Luc Benoist
La majorité des scènes furent tournées à 30 kms de Paris, à l’exception d’une semaine passée sur le plateau du Larzac et au pont du Gard. Claude Carliez, chargé des cascades et des duels, réussi une excellente séquence de combat à la Canne de plusieurs minutes.
Ardéchois coeur fidèle - Le combat de cannes